lundi 23 février 2015

The Imitation Game

Allez voir The Imitation Game au cinéma. Ou procurez-vous un DVD quand ça sortira. Et dans le second cas, prêtez-le à des amis.

D'accord, ce n'est pas le film de l'année (du moins j'espère, il y a encore beaucoup de choses à venir). D'accord, ce n'est pas une biographie très fidèle d'Alan Turing (voir à ce sujet la notice Wikipedia du film, qui fait état des controverses). D'accord, pour cela, il vaudrait sans doute mieux lire le livre dont le film est une adaptation. D'accord, ce blog est censé être consacré aux livres d'ailleurs.

Mais j'ai constaté dans mon proche entourage que Turing n'est pas très connu. Ce film est une occasion de populariser un important acteur de l'histoire des sciences. Mais Benedict Cumberbatch est l'acteur en activité qui a sans doute incarné le plus de personnages historiques dans des biographies (plus ou moins romancées). Mais le pardon accordé par la reine d'Angleterre à Turing n'empêche pas qu'il a été condamné en 1951 pour homosexualité. Mais, comme le rappelle le film, plusieurs dizaines de milliers d'homosexuels ont été condamnés au Royaume-Uni pour le seul fait d'être ce qu'ils étaient, et n'ont toujours pas été "pardonnés" (il me semble qu'en France on dirait réhabilités). Une pétition a d'ailleurs été lancée dans ce but à l'occasion de la sortie du film.

Je laisse les critiques cinématographiques aux spécialistes. Malgré quelques doutes initiaux (après notamment la lecture de critiques par des scientifiques), j'ai été pris par cette histoire. On suit Turing essentiellement pendant la Deuxième Guerre mondiale, tandis qu'il participait au décryptage des codes de transmissions allemands. Il y met au point l'un des tout premiers ordinateurs. Des flashbacks nous renvoient à sa pré-adolescence dans un collège anglais, et à la mort de son premier amour. D'autres séquences nous racontent la fin de sa vie : son arrestation après un cambriolage par l'un de ses amants, sa condamnation. Ces deux séries d'excursions temporelles permettent de situer pourquoi Turing est un personnage si dramatique : il était homosexuel dans un pays qui pénalisait l'homosexualité ; il était un héros de guerre sur un projet top secret, et n'a jamais été reconnu publiquement en tant que tel.

Certes, le réalisateur a ajouté une intrigue d'espionnage, en rajoute sur la clairvoyance de Turing quant à l'utilisation des messages allemands qu'il a décryptés, glisse un couplet féministe en insistant sur le rôle de Joan Clarke. Mais que Turing soit devenu un personnage de fiction, que des auteurs s'approprient et transforment à leur gré : n'est-ce pas le meilleure hommage que l'on puisse lui rendre? J'avais déjà critiqué un roman à son sujet fin 2013.

Et si vous n'êtes encore pas convaincus, voici la bande annonce.


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