lundi 12 octobre 2015

La grotte, toujours

Avec l'ouverture au public de la Caverne du Pont d'Arc, l'intérêt pour les grottes ornées du Paléolithique connaît un certain regain. C'est l'occasion de voir sortir, ou ressortir, quelques livres sur ces sujets. Je ne me plaindrai pas que l'archéologie préhistorique bénéficie d'un peu de médiatisation.

Ainsi, un très bel album de photographies, avec un texte de Jean Clottes, publié il y a deux ans par le Dauphiné Libéré (c'est annoncé dès les premières lignes), a les honneurs d'une nouvelle publication très soignée par Actes Sud, sous le titre "La grotte du Pont d'Arc dite grotte Chauvet - Sanctuaire préhistorique". Le prix très raisonnable (25€) permettra à ceux qui ne peuvent pas se rendre en Ardèche de satisfaire leur curiosité sans se ruiner (et à ceux qui auront visité le site, de garder un très beau souvenir).

Le préhistorien nous explique l'essentiel dans ce livre : à quelle époque ont été réalisées peintures et gravures dans cette grotte ; par qui ; dans quel contexte environnemental. Il raconte aussi la découverte de la grotte, fin 1994, en évitant soigneusement les controverses, toujours pas réglées (elles mériteraient peut-être un autre livre, mais parasiteraient inutilement celui-ci). Et il donne assez d'éléments pour que l'on puisse se faire une idée du type de travaux scientifiques menés dans le site.

Bien entendu, une bonne place est accordée aux peintures et aux gravures. Les photographies sur de pleines pages, voire des doubles pages, avec différents niveaux de détail, sont le clou du livre. On ne se lasse pas de les regarder, d'autant qu'elles sont reproduites avec une très bonne qualité. L'idée de terminer en braquant l'attention sur quelques espèces représentées, sur lesquelles le lecteur aurait pu ne pas s'arrêter, est aussi excellente. On en aurait presque voulu plus!

Je n'ai qu'une réserve,  à propos des dix pages du livre consacrées aux motivations des préhistoriques pour réaliser de telles peintures et gravures. Jean Clottes y présente en effet son scénario "chamanique" comme l'hypothèse "qui rend le mieux compte des faits établis, non seulement par les observations de terrain et par les découvertes récentes, mais également en prenant en compte ce que l'on sait des modes de pensée dans les sociétés traditionnelles". Cette opinion, présentée de façon si catégorique, n'est en fait pas partagée, c'est le moins que l'on puisse dire, par l'immense majorité des préhistoriens actuels.